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8 octobre 2025

« Raviver le feu de la vocation missionnaire » — Missio Suisse au Jubilé du Monde missionnaire à Rome

Missio a participé au Jubilé du Monde missionnaire à Rome. Le pape Léon XIV et le cardinal Luis Antonio Tagle ont appelé à un nouvel élan missionnaire — avec un regard particulier sur la migration.

« Raviver le feu de la vocation missionnaire » — Missio Suisse au Jubilé du Monde missionnaire à Rome Pèlerins et pèlerines de l’espérance avec Missio Suisse devant la basilique Saint-Pierre à Rome

Avec plus de 40 000 pèlerins venus de tous les continents, Rome a célébré les 4 et 5 octobre le Jubilé du Monde missionnaire — un temps fort dans le cadre de l’Année sainte 2025. Parmi les participants figurait une délégation de 20 personnes de Missio Suisse, présente aux côtés d’autres acteurs missionnaires et de représentants d’institutions ecclésiales de tous horizons. Ce week-end avait pour objet un renouveau du souffle missionnaire à l’échelle universelle, dans une Église appelée à sortir, à s’élancer — une Église en marche et présente.

Le cardinal Tagle : la mission comme mouvement vivant

Samedi, le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, pro-préfet du Dicastère pour l’évangélisation, a été convié à une conférence internationale à l’Université pontificale Urbaniana. Il a traité le thème : « Missio ad gentes aujourd’hui : s’élancer vers de nouveaux horizons », en évoquant le Concile Vatican II et son invitation à revisiter sans cesse la mission de l’Église. Pour lui, la mission n’est pas une nostalgie du passé, mais une dynamique vivante de foi : « L’Église est par nature missionnaire, parce qu’elle est à la fois fruit de la mission et porteuse de la mission. » Vivre la mission, c’est incarner la catholicité concrète — une unité dans la foi au cœur de la diversité culturelle. Elle ne doit pas engendrer la fermeture, mais favoriser le dialogue, l’échange, la fraternité. « La diversité est don, non danger », insiste le cardinal.

La migration : une forme nouvelle de mission

Le cardinal Tagle accorde une attention particulière au lien entre migration et mission. La migration, explique-t-il, n’est pas seulement un phénomène social ou politique : elle porte en elle une dimension missionnaire. Des millions de migrantes et migrants — parmi eux nombre de chrétiennes et chrétiens — cheminent à travers les frontières en emportant leur foi, devenant ainsi des missionnaires du quotidien. « En eux se manifeste la Missio ad gentes sous une nouvelle forme », affirme Tagle. Il ne s’agit plus d’un mouvement du Nord vers le Sud ou de l’Ouest vers l’Est, mais d’une dynamique planétaire de la foi qui relie les personnes et tisse des communautés. Là où les migrantes reconstruisent leur existence, l’Église naît — vivante, plurilingue, sans frontières. Selon Tagle, la migration révèle « le visage de Dieu au sein d’une humanité en chemin ».

Le pape Léon XIV : « Migrants, missionnaires de l’espérance »

Le dimanche, le pape Léon XIV a présidé la messe place Saint-Pierre, à l’occasion du 111ᵉ Journée mondiale des migrants et des réfugiés, sous le thème « Migrants, missionnaires de l’espérance ». Dans son homélie, il a exhorté l’Église à raviver « le feu de la vocation missionnaire ». Pour lui, la mission ne consiste plus principalement à partir géographiquement, mais à demeurer — à être présent au milieu des hommes, spécialement là où règnent la souffrance, l’injustice et le conflit. « Rester pour annoncer le Christ par l’accueil, la compassion et la solidarité. » Il a mis en garde contre « la froideur de l’indifférence » à l’égard des migrantes contraintes d’abandonner leur terre : « Ces embarcations remplies de personnes qui espèrent parvenir à un rivage sûr ne doivent pas se heurter à la discrimination. » L’Église est invitée, au contraire, à promouvoir une culture de fraternité et d’espérance.

Mission : don réciproque

Un axe central du message pontifical fut l’appel à une collaboration missionnaire renouvelée et à une culture de vocation partagée. L’Église doit tisser des liens entre Nord et Sud, Est et Ouest, et apprendre mutuellement. Le pape exhortait en particulier les pays européens à redynamiser leur effort pour les vocations missionnaires. Ces orientations ont marqué les rencontres de la délégation suisse pendant les jours passés à Rome. Dans des échanges avec des partenaires d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine, s’est manifestée toute la vitalité de l’Église universelle — malgré les tensions ou défis. « La mission n’est pas une route à sens unique, mais un donner et recevoir mutuels », souligne un participant de Missio Suisse.

Une Église en état permanent de mission

Le Jubilé du Monde missionnaire a montré combien il est urgent de repenser la mission de l’Église — non plus comme un déplacement vers l’ailleurs, mais comme une présence de proximité : auprès de ceux qui souffrent, espèrent, croient et cherchent. Le pape Léon XIV le résume en ces termes : « Il est temps que nous nous mettions tous dans un état permanent de mission. »